La Nacion, 14/03/02

 

Voyage au pays des ancêtres : ils suivent les pas d’un scientifique qui vécu dans le pays il y a 140 ans.

Ils rencontrent ici la trace de leur trisaïeul.

22 Européens sont venus visiter Claraz, un village proche de Necochea, fondé par leur ancêtre suisse.

·         Jorge Claraz fut voyageur et naturaliste.

·         Dans le village qui porte leur nom, ils ont été reçus avec tous les honneurs.

·         Ils ont apporté des présents pour les écoles et les hôpitaux.

 

Oscar E. Balmaceda, envoyé spécial

Claraz, Necochea.

Ils ont quitté la Suisse, la France et l’Italie, et ont voyagé ensemble jusqu’à un petit village situé à 70 km au nord de Necochea, tout comme l’un de leurs ancêtres, le naturaliste Jorge Claraz, il y a presque 140 ans.

Ils ont voulu connaître les lieux qu’a fréquentés le scientifique pendant la 2e moitié du 19e siècle, et en particulier Claraz, petit village d’aujourd’hui 756 âmes, du nom de ce savant qui a étudié la zone montagneuse, ainsi que le nord de la Patagonie pendant 25 ans.

Et ils se sont fait plaisir. Depuis mardi dernier, 22 descendants de ce singulier pionnier visitent le village, se logent chez les habitants, et avec eux retracent une histoire qui a commencé à se reconstituer il y a moins de 8 ans pour cette poignée d’Européens.

Claude Claraz, l’un des responsables de l’expédition, raconte à LA NATION : « Lorsque mon père est mort, en 1994, j’ai trouvé dans ses affaires un coffre métallique plein de papiers et de photos ».

« En les étudiant avec ma femme Christine, on a découvert que dans plusieurs documents, il était fait mention de Balthazar Claraz, parent proche de mon père, et de Jorge, récemment découvert. »

Ce couple français, résident à Grenoble, raconte que quelque chose les amena à s’intéresser à ce Jorge, dont l’histoire fascinante a pu être reconstituée en fouillant sur Internet.

« Cela nous a paru une vie tant attractive qu’on a commencé à chercher d’autres descendants dans notre pays, et à l’étranger. »

De plus, ils fondèrent une association à but non lucratif , nommée « La Trace Claraz » pour restaurer la mémoire de leur ancêtre.

L’épouse ajoute : « Nous avons recensé 340 parents en France, Italie, et Suisse, et avons réussi à les réunir dans notre ville, en 1999 ».

Pendant la rencontre, ils ont parlé des recherches et travaux menés par Jorge Claraz au Brésil, Chili et Argentine entre 1856 et 1882, jusqu’à ce qu’il décide de quitter notre pays pour retourner passer ses ultimes années dans sa Suisse natale.

Mais, Claude souligne qu’il se décida également à voyager en Argentine pour connaître « cette ville si petite, qui selon ce que l’on nous avait raconté, l’honorait de son nom. »

Ils passèrent 2 ans à programmer ce retour vers le passé, tout en suivant de très près les évènements de ce pays éloigné. A la mi-octobre dernier, ils envoyèrent un e-mail à Claraz, dans lequel ils annoncèrent leur intention de venir au village et d’y rester au moins 2 jours.

Une fois passée la surprise d’une telle nouvelle, les préparatifs se sont bousculés de ce coté de l’océan, coordonnés par Graciela Lambrecht, Patricia Contreras, et Claudia Suizan, respectivement directrice et enseignantes de l’école locale.

Comme des stars de cinéma …

Bien que les évènements qu’a vécus le pays depuis décembre 2001 aient surpris les 22 voyageurs, le désir de connaître ces terres et une partie de leur passé fut plus forte que toute hésitation. Et mardi dernier, après une escale rapide à Buenos Aires, ils ont débarqué à Claraz.

« Dès que nous sommes descendus du bus, mon cœur s’est emballé par l’accueil de ces gens incroyables » raconte Olivia Brusco Claraz, une Suisse de Fribourg, qui vit en Italie.

« C’est comme si nous avions été des stars de cinéma. Jamais il ne m’est arrivé une telle chose, et j’en suis toujours émue »

« Pour moi, ajoute Marcelle Claraz qui vit à Lyon, ce fût un choc, et j’ai l’impression les connaître depuis longtemps »

De plus, le groupe a apporté des éléments didactiques pour les écoles locales, un magnétoscope et un téléviseur pour l’hôpital, ainsi que des souvenirs variés pour les hôtes. Par contre, le sac de 10 kg de médicaments qu’ils pensaient laisser pour l’hôpital n’est pas arrivé. Il a été retenu par la douane de Ezeiza, et ne pourra pas être récupéré.

« Nous sommes venus dans ce pays à la recherche des chapitres qui forment l’histoire de Jorge, et des lieux dans lesquels elle s’est passée, parce qu’il nous semble que cela nous permettra de mieux cerner le personnage », affirme Christine.

« Demain, nous repartirons avec notre mission accomplie. Il nous resterait maintenant à rencontrer d’autres descendants, mais ici en Argentine. S’il y en a, s’illusionne t-elle, espérons qu’ils se mettront en contact avec nous.»

Ceux qui veulent communiquer avec la famille peuvent le faire par e-mail (claude.claraz@orange.fr) ou bien peuvent s’informer sur le site www.latraceclaraz.org

 

 

L’explorateur adopta le Maté.

Claraz, Necochea (envoyé spécial)

Allez savoir pourquoi, l’épopée de Jorge Claraz dans notre pays est peu connue.

L’homme, né en Suisse en 1832, passa le dernier quart du 19e siècle à explorer le territoire de Buenos Aires et le nord de la Patagonie. Il a réalisé des mesures, extrait des minéraux, et a confectionné des collections détaillées d’insectes et de reptiles de la région. En 1859, il s’est installé dans une ferme proche de Tandil, et depuis là-bas, a exploré la zone montagnarde qui, il y a longtemps abritait les emblématiques sables mouvants (texto « l’emblemblématique pierre mouvante » ? ? ? ? ?).

Il fût le premier à parcourir à pied et à cheval les vastes zones du Rio Negro et de Neuquen. Il a également suivi le cours du Rio Chubut. Les observations faites au cours de ces expéditions sont enregistrées dans des études et publications diffusées dans les milieux érudits.

Il fût auteur de nombreux articles dans des revues européennes; des « Plaines de la pampa » une analyse du milieu ambiant de la province de Buenos Aires; et des « Lettres de caciques » ( ? ? ? ? ? ? ?).

Il fut ami de Carlos Spegazzini, de Santiago Roth, et de l’expert Francisco P. Moreno. Il aimait prendre du Maté, et boire du bon vin, coutume qu’il rapporta en Suisse, lorsqu’il décida de retourner dans sa patrie. Il y meurt le 6 septembre 1930.

 

 

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